La Roquefixade – Les routes d’exodes des Cathares – Kepa Arburua Olaizola
Texte extrait du site Réseau LEO.
CONFERENCE du 27 mai 2012
La Roquefixade, Les routes d’exodes des Cathares
Janandreak agur deneri eta ongi etorri Euskadirat
Mesdames et Messieurs bonjour atout le monde et bienvenus en Euskadi. Pays Basque Sud.
C’est par ces mots aimables que furent accueillis les Cathares qui vinrent trouver refuge en Pays Basque Sud.
Je m’appelle Kepa Arburua Olaizola, c’est à dire Pierre. Arburua est le nom de ma mère et Olaizola celui de mon père. Chez nous, nous devons toujours donner les patronymes de nos deux parents. Je suis Basque, j’ai été ingénieur électro-mécanicien et directeur dans des sociétés internationales de matériels de travaux publics. Bien qu’ayant travaillé d’Helsinki à San Diego, j’habite depuis toujours à Saint Jean de Luz Ciboure.
Je vais vous parler de gens que l’on nommait dans ma région : Aquitaine, Sud des Pyrénées des Agotes, des Cagots, des Kakous en Bretagne ou bien par d’autres noms que nous allons voir. Je tiens à vous informer que j’écris tout comme je travaillais en tant qu’ingénieur : une phrase = une preuve ou plusieurs. Ainsi s’écrit l’Histoire et non pas des histoires ou des légendes. Nous pouvons commencer cette conférence en regardant si ce peuple était d’un petit nombre ou représentait une grande population.
Regardons l’Aquitaine. Combien y a-t-il de Agotes ou de Cagots ?
C’est à dire dans le territoire allant de Hendaye à Bordeaux et de Bordeaux à Toulouse. Nous pouvons avoir un décompte avec les : Cartes Patentes du roi Louis XIV en date de 1683. Avec les lettres patentes, Louis XIV voulait protéger les cagots : « … nous avons éteint et supprimé toutes les distinctions qui pourraient estre entre les dits christians, cagots, agots et capots, et nos autres sujets pour qu’ils jouissent à l’advenir des mêmes privilèges et adventages… ». Le grand défaut de ces cartes patentes réside dans le fait que les cagots devaient payer deux louis pour leur émancipation. Ce tribu était dû au fait que les finances du roi étaient en situation précaire et Colbert, contrôleur des finances, se voyait obligé de chercher de l’argent de toutes parts. Colbert perçut autour de 5000 louis, ce qui signifie que 2500 cagots le payèrent. Toutefois, cette somme fut négociée globalement et l’on pense que le groupe de cagots dans la zone Aquitaine était de 5 à 10000 personnes, ce qui est tout à fait considérable pour l’époque et qui nous permet de dire que 300 ans après les lettres patentes de Louis XIV, les cagots sont très nombreux parmi nous ! Six générations sont passées en 300 ans et si nous multiplions 5000 ou 10000 par 6, ceci revient à penser qu’il y a 30 000 à 60 000 cagots qui vivent en Aquitaine en 2010. Ce qui est très important.
Agotes en Euskadi, en Navarre et en Espagne
Beaucoup de Agotes ont gardé le patronyme de Agote ou Agorreta. Pourquoi en Espagne et pas en Aquitaine ? Il y a une raison historique que nous verrons plus loin.
En Espagne, dans le Nord, il y a 1300 adresses de Agotes, ou Agorreta. Comme dans une famille, il y a environ 4 personnes avec ce patronyme, nous avons entre 6000 à 7000 Agotes qui vivent aujourd’hui en Espagne. Ce qui est assez remarquable.
Nous parlerons plus loin de la Bretagne, afin de ne pas déflorer trop vite le sujet ;
Quels sont les sources ?
Des centaines de livres, de revues et de publications sont apparues sur ce sujet, et actuellement, avec Internet, sur nos écrans d’ordinateur, beaucoup de pages sont remplies de tous types de récits concernant les cagots. Les déclarations sur ce thème vont des plus sérieuses aux plus hallucinantes. Alors, pour ne pas avoir trouvé leurs origines, chacun a sa version, mais nous devons dire que tous ces écrits nous ont aidé. Par contre, tous se terminent de la même manière : nous ne savons pas !
Oser dire que nous avons trouvé l’origine des Agotes ou Cagots est un authentique défi, un authentique pari !
Parler des Cagots est un travail double parce que :
1°) Nous devons parler des auteurs et des historiens qui ont écrit sur eux et commenter leurs écrits.
2°) Nous devons raconter et surtout prouver nos découvertes.
Les preuves ne manquent pas, au contraire, elles sont trop nombreuses ! Certaines sont totalement fondées et d’autres totalement erronées. Ridicules et stupides, nous osons dire. Effectivement, beaucoup d’écrivains se sont ingéniés pour discréditer un peu plus ces misérables.
Ils étaient qualifiés de toutes les dénominations, vagabonds, gitans, descendants de Goths, maures, juifs, cathares, extra terrestres avec un œil et une queue, vikings, etc…
Vagabonds : c’est probablement ce qui a été dit mais les cagots furent des artisans du bois et de la pierre, reconnus comme de bons travailleurs… Les vagabonds ne sont pas des travailleurs, ce sont des voleurs ; alors, on peut oublier cette origine.
Gitans : oui, voilà une piste valable. En Navarre, à la fin du XVe siècle, avec le roi Fernand le Catholique, roi de Navarre, Aragon et Castille, commença l’expulsion des juifs, maures, gitans, enfin, de tous les non pratiquants de la religion catholique, et viendra ensuite la terrible Inquisition. Alors, les gitans ou bohémiens vinrent en Aquitaine. Les gitans sont catholiques, mais ils n’étaient pas et ne sont pas aujourd’hui encore des pratiquants assidus, ils ne vont pas à l’église d’une manière régulière et avec les autres fidèles. Au contraire, les cagots allaient tous les dimanches à la messe pour écouter la Bible. Ils accédaient à l’intérieur du Saint Lieu par de petites portes, ils étaient mis à part, mais malgré toutes ces humiliations, ils étaient présents dans les églises. Ici, nous touchons un point fondamental pour distinguer les gitans et les cagots : la religion catholique chrétienne.
Maures : ils vont à la mosquée et non pas à l’église.
Juifs : ne fréquentent pas les églises mais les synagogues.
La présence des Goths existe depuis le 5è siècle, bien avant l’existence du marquisat de Gothie Xe siècle.
Vikings : ils furent les terribles ennemis de la religion catholique.
Nous pouvons écarter les gitans, les maures, les juifs, les goths et les vikings pour question de religion.
Extraterrestres avec un œil et une queue : certains se complaisent à inventer des âneries.
La piste cathare est évoquée dans certains récits, elle nous paraît la bonne mais nous devons la prouver parce que sans preuves, il n’y a pas d’Histoire, il n’y a pas de vérité. Nous avons commencé avec ma femme et des amis par traduire tous les textes concernant ce peuple : euskara, espagnol, latin, occitan, anglais, béarnais, en français, alors les premières lumières nous sont parvenues. Mais cela n’était pas suffisant il fallait des preuves plus concrètes. Etant donné que Ciboure avait été un haut lieu de présence de ces gens j’ai pensé qu’il devait y avoir ici même des traces, des vestiges. Alors un jour j’ai trouvé sur le quai Larralde ou Ravel qu’une maison au nom de Périco Baita (peintre basque) portait au XIXe siècle le nom de Monsegurenea. Là j’ai sauté de joie ! La piste Cathare s’ouvrait devant moi, mais il fallait continuer les recherches. Toutefois j’avais une première preuve irréfutable. Immédiatement je suis devenu membre du Centre d’Etudes Cathares de Carcassonne, afin d’apprendre qui étaient les Cathares.
Pourquoi ?
Au Pays Basque nos anciens prenaient pour patronyme le nom de la maison dans laquelle ils naissaient, le chemin qui mène à la maison prenait aussi le nom de la maison. A Irun, au quartier Meaka, se trouve la maison Agorreta, le chemin qui mène au bâti s’appelle Agorretako bidea et même le ruisseau qui coule prés de l’habitat a pris pour nom : Agorretako erreka (le ruisseau d’Agorreta). Le fondement de la Société Basque est la maison, je m’appelle Olaizola (la forge d’en bas) car à Oiartzun (Gipuzkoa) une maison porte encore de nos jours ce nom et mon ancêtre forgeron vint en 1803 de Oiartzun à Urrugne réparer les canons du Maréchal Soult.
En conséquence je tenais enfin une preuve sérieuse avec la maison Monsegurenea.
Quelles sont les origines du nom Agot ?
Une rivière qui porte encore à ce jour le nom de Agout prend sa source à 1100 mètres d’altitude dans le Parc Régional de Haut-Languedoc, en haut de Bédarieux, traverse Castres, passe près d’Albi, de Mazamet, et se jette dans le Tarn à 40 kms au nord de Toulouse. Avec ses 194 kms de long, il traverse tout ce que fut le Pays des Cathares. Son nom est Agout en français et Agot en Occitan, langue parlée dans la région Midi Pyrénées au Moyen Age.
Entre les cathares qui fuirent l’Inquisition il y avait des paysans, des artisans, des bourgeois, et des chevaliers. Les nobles, les chevaliers avaient des patronymes, les autres non ! Alors quand on leur demandait :
– D’où venez-vous ?
La réponse était :
– De Agot ( de la région de la rivière Agot)
Ceci n’est pas une thèse curieuse, l’histoire des Agotes et Cagots, est l’histoire de Languedociens qui vinrent en Aquitaine, en Béarn, en Navarre, en Euskadi et ailleurs aussi… et si vous voyez aujourd’hui une voiture immatriculée : 01 Ain, 02 Aisne, 03 Allier… 75 Seine Paris, 69 Rhône Lyon, 13 Bouches du Rhône Marseille, 31 Haute Garonne Toulouse.
L’Ain, l’Aisne, l’Allier, la Seine, le Rhône, la Garonne sont des fleuves ou des rivières. Si vous voyez Brigitte Bardot et vous lui demandez :
– D’où venez-vous ?
La réponse sera :
– De Saint Tropez du Var (le Var est une rivière).
Aujourd’hui il y a en France 95 départements, 66 portent le nom de la rivière ou du fleuve qui les traverse. Par ailleurs tous les départements concernant le Pays des Cathares porte le nom d’un fleuve ou rivière : Aude, Ariège, Hérault, Lot, Lot et Garonne, Tarn, Tarn et Garonne.
En Euskara, on met toujours une voyelle a, e, i, o, u après un nom : Olaizola, Agirre, Beloki, Olano, Aranburu, c’est ainsi que Agot se transforma en Agote, Agotea l’Agot, Agoteak les Agots et Agotes au pluriel en langue espagnole.
Ici, nous avons l’origine du nom Agote.
Quelle est l’origine du nom Cagot ?
Pourquoi vinrent-ils en Aquitaine ?
Les Cathares s’enfuirent d’Est en Ouest. Pourquoi ? Parce qu’à l’Est, se trouvait l’archevêque de Narbonne, Pierre Amiel, qui avait brûlé les Parfaits Cathares sur le bûcher de Monségur, parce que à l’Est il y avait les seigneuries ecclésiastiques. Ils vinrent à l’Ouest car ce n’était pas très loin du Pays Cathare et qu’ à l’Ouest, l’Aquitaine était anglaise. Les anglais étaient en conflit avec la France (comme toujours) et en Angleterre n’existait pas les bûchers de l’Inquisition ou de la Croisade contre les Albigeois. Il étaient à l’abri du roi de France et du Pape.
Sur la route de leur exode, ils arrivèrent d’abord en Bigorre et Béarn. Dans cette région, il était d’usage de traiter les gens qu’on n’aimait pas de « chiens ». Un exemple très simple était le suivant : « chiens d’anglais » et eux nommaient les français :« f. frenchies », que nous ne voulons pas traduire.
Dans la langue béarnaise, chien se dit « ca » et le pluriel est « cas ». Alors, les cathares furent traités de « chien agot » c’est à dire « ca + agot = cagot ». Et de là viennent : cagot ou cascarot ou kaskarotak. Ici, nous avons la preuve et l’origine de cagot.
Une preuve : le bénitier des lépreux, des cagots, de l’église de Oloron Sainte Marie comporte deux chiens, l’un ayant peur et retournant sa tête et l’autre la gueule ouverte poursuivant le premier.
Quelle est l’origine de Agorreta ?
Le nom de Agorreta se compose de Agot + rreta qui est un suffixe et qui signifie lieu.
Exemple : Pantxoa Etxezaharreta, etxe = maison, zahar = ancien, rreta= lieu, au final : l’habitant de l’ancienne maison. Galbaretta = lieu où vit Galba.
Certains historiens disent Agor = sec + rreta = c’est à dire lieu sec. Ceci est une énorme ânerie. A cet instant, nous parlons de toponymie et nous demandons :
Où y a-t-il un endroit sec au Pays Basque ?
Dans les Bardenas, oui ? au Centre dans la Bardena Blanca. Mais à cet endroit, il pleut et il neige en hiver. Il n’y a pas d’arbres parce que le sol est plein de sel et les arbres n’aiment pas particulièrement le sel ! Dans notre pays, il pleut toute l’année, il neige en hiver et tout est vert : les champs, les bois… et dans les montagnes, les fougères font deux mètres de haut en été. Sans eau, le Pays Basque ne serait pas vert !
Agorreta est un lieu où vit un Agot ou une famille Agote.
Vérifications faites sur place:
. Irun quartier Meaka : une maison s’appelle Agorreta située en dehors de la ville et le ruisseau qui coule à côté se nomme Agorretako erreka : le ruisseau de Agorreta. Un ruisseau contient de l’eau et ce n’est pas un endroit sec.
. Hendaye maison Agorreta placée sur une petite colline loin du centre ville, l’endroit n’est pas sec.
. Urrugne maison Agorreta loin du centre ville, placée dans un vallon, l’endroit n’est pas sec. . Ciboure maison Agorreta au centre de l’ancienne ville
. Bidart maison Agorreta en dehors du village sur le plateau de cette ville
. Arcangues maison Agorreta en dehors de la ville.
Ce que l’on constate c’est que ces maisons sont situées loin du centre ville, en effet les Agots étaient interdits de vivre près de la population, afin de ne pas contaminer les gens, mais surtout pour les discriminer.
Pour la première fois nous avons les preuves définitives et irréfutables des origines de : Agote, Cagot et Kaskarot.
Pourquoi les Agotes-Cagots s’installèrent-ils le long des rivières et près de la mer ?
La religion cathare interdisait la consommation de la viande (excepté le poisson) et les dérivés du produit du lait. Comme les poissons se trouvent le long des rivières et dans la mer, ils s’installèrent le long des rivières et près de la mer. Ils vinrent à la Côte Basque, ils s’enrôlèrent sur les bateaux et s’en allèrent à la pêche avec les Basques de souche, et émigrèrent avec eux en Argentine, aux USA ! Il y a beaucoup de Agotes en Amérique.
Pourquoi les Agotes vinrent en Euskadi ?
Raimond IV de Toulouse (1041-1105) se maria en 1094 avec Elvire de Castille, fille de Alphonse VI (1072-1109) roi de Léon et de Castille, et de cette union naquit Alphonse Jourdain (1103-1148). Les dynasties des chevaliers de Toulouse et de Castille se connaissaient bien. La naissance de ce fils resserra encore plus les bonnes relations entre ces deux puissantes maisons nobiliaires.
Alphonse Jourdain se rendit en Palestine pour la Seconde Croisade. Il fut assassiné les jours suivants son arrivée par les barons français. Pourquoi ? Alphonse Jourdain pouvait réclamer à juste titre le trône de Jérusalem parce que son père avait été le leader de la Première Croisade, et le fils de Castille et de Toulouse dérangeait beaucoup les barons français de Antioche, Tripoli, Mélissende reine de Jérusalem, et des Etats Latins de Palestine. Au Moyen-Age on assassinait allègrement et Alphonse Jourdain mourut ainsi. Cette mort violente consterna les chevaliers qui avaient suivi le jeune condé et ils refusèrent d’aller à Jérusalem et revinrent en France.
La Croisade contre les Albigeois commença le 2 juillet 1209, avec le sac de Béziers et s’acheva en 1321 avec la mort sur le bûcher du dernier Parfait connu : Guilhem de Belibaste. A Béziers moururent en peu de jours 10 000 personnes, au mois d’août 1209 Carcassonne fut détruite, l’année suivante, au mois de juillet 1210, à Minerve, 180 cathares furent brûlés sur un bûcher. Et puis il y eut Lavaur et… la bataille de Muret en 1213, et puis à Montségur, où 207 Parfaits furent brûlés vifs le 16 mars 1244… et tant d’autres atrocités.
Alors, à partir de 1209, les Cathares fuirent la Croisade contre les Albigeois et l’Inquisition et vinrent dans le Guipuzcoa, en Biscaye, en Alava, parce que depuis l’an 1200, Euskadi était devenu Couronne du roi de Castille. Là ils trouvèrent les descendants de Elvire de Castille, mère de Alphonse Jourdain, compte de Toulouse. Alphonse VIII roi de Castille (1158-1214) et ses successeurs protégèrent les Cathares en fuite.
En Euskadi les Cathares gardèrent leur nom de Agote. Fernando Txueka Isasti, médecin chirurgien, spécialiste de Elcano et de Guétaria , nous signale l’existence de nombreuses maisons, de fermes et de familles qui portent le nom de Agote en Guipuzcoa. Normal ! Il nous ajoute que dans ce territoire les Agotes ne furent jamais discriminés, au contraire, ils étaient chefs de familles, gentilshommes, hommes de loi, navigateurs, grands commerçants. Tout ceci est parfaitement normal, car il y avait depuis plus de un siècle, d’excellentes relations entre les maisons nobiliaires de Castille et celle de Toulouse, les uns et les autres se connaissaient bien.
Pourquoi les Cathares vinrent-ils en Aragon ?
Raymond VI, comte de Toulouse, était le vassal de Pedro II, roi de Aragon. Le 12 septembre 1213 Pedro vint aux côtés de Raymond lutter contre Simon IV de Montfort à la bataille de Muret. Pedro mourut dans cette bataille et Raymond fut dérouté. Les maisons nobiliaires de Toulouse et d’Aragon se connaissaient bien et des Cathares, des Languedociens vinrent chercher refuge en Aragon où ils furent bien reçus.
Près de Jaca se trouve le village de Berdùn, où se côtoient des maison de Agotes, de Templiers, de seigneurs de France de haute lignée et de seigneurs d’Aragon. Tout ce monde vivait complètement en paix et en bonne intelligence.
Pourquoi furent-ils discriminés ou humiliés ?
Si les Agotes ne furent pas inquiétés en Euskadi et en Aragon, il en fut tout autrement en Aquitaine et en Navarre.
A ce moment d’Histoire, on peut facilement imaginer, et cela ne sera pas difficile, que parmi les Cathares qui fuirent l’Inquisition du territoire de Béziers à Toulouse, il y avait le petit peuple, les paysans, les artisans, les bourgeois, les nobles, et les chevaliers. Nous verrons plus loin, lorsque nous parlerons de Montségur, la liste des chevaliers de ce château. Mais dans cette exode il y avait aussi les chevaliers de Béziers, de Carcassonne, de Lavaur…
Si les Agotes furent bien traités en Castille, en Aragon, ils furent discriminés et humiliés d’une manière féroce en Aquitaine et dans le Baztan en Navarre. Ils étaient déclarés être des gens peu recommandables, desquels il fallait grandement se méfier ! Ils portaient, bien entendu, toutes les tares possibles et imaginables : la lèpre, le sang plus chaud, ils vivaient dans la luxure, ils avaient un goitre, mauvaise haleine, parfois une queue, ils avaient pactisé avec le diable, et s’ils marchaient pieds nus sur l’herbe, celle-ci ne repoussait plus, alors, on leur perçait les pieds avec un fer rouge ! Et puis, comme si tout cela ne suffisait pas, ils étaient aussi des fainéants et des crétins. Ils devaient prévenir de leur arrivée en faisant retentir une crécelle, ils furent humiliés, discriminés, exclus, en résumé : une horreur qui dura sept siècles !
La lèpre
Parmi tous les cathares qui fuirent les terribles combats du sud de la France, il y avait des gens en bonne santé, des boiteux, des manchots, des infirmes et parmi eux, évidemment, il y avait des lépreux, comme dans toute la population d’Aquitaine, de Navarre, d’Aragon et aussi d’Europe… Tous n’étaient pas atteints par la lèpre rouge, bien entendu ! Et s’ils ne l’étaient pas, on les accusait d’avoir la lèpre mentale ou morale !
Enorme mensonge, mais très efficace pour exclure de la société ces pauvres gens !
Les Agotes-Cagots furent exclus et reclus loin des villes afin de ne pas contaminer le reste de la population.
Les Cathares devaient porter une marque : une croix latine puis grecque jaune bien en vue cousue sur l’épaule droite, pour les différencier du reste de la population, les Agotes aussi ! Dans leurs cas, l’insigne devait être une patte d’oie rouge bien visible au même endroit, qui se transforma en patte de chat en traversant les Pyrénées ! Cette marque, absolument infamante, indique aussi un autre point commun entre les Agotes et les Cathares.
De Chauliac, au XlVe siècle, dans le Traité de Grande Chirurgie de 1383, catalogue les Agotes d’être supposés porteurs de la lèpre.
Curieuse et insolite destinée, aucun ne mourrait mais tous étaient malades !
Le roi de France Charles VI (1380-1422) à la date du 7 mars 1407, envoya la lettre suivante aux Sénéchaux de Toulouse, Carcassonne, Beaucaire, Rouergue et Quercy : « … plusieurs personnes malades, d’une maladie laquelle est une espèce de lèpre, et les entachiés d’icelle maladie sont appelés cagots ou casots »
La catastrophe s’abat sur les Agotes, ils sont lépreux, et le resteront pendant 7 siècles sur des allégations totalement infondées et mensongères.
Selon Florimond de Roemond Conseiller au Parlement de la ville de Bordeaux L’Antichrist paru au XVIIe siècle, les cagots étaient des Goths ariens, de ces hérétiques « ladres de l’âme » dont l’église devait se séparer, comme les « ladres du corps ».
De ladre de l’âme apparaîtra, la lèpre morale ! Ignoble et terrible invention pour accabler nos malheureux !
Henri-Marcel Fay, docteur en médecine, dans son livre : Histoire de la lèpre en France, lépreux et cagots du Sud-Ouest, avec une préface du professeur Gilbert Ballet, Editions Champion Paris 1909 écrit : « Les Cagots que l’on rencontre sous des noms variés en Béarn et en Gascogne sont des parias constitués à l’origine de lépreux, puis de leurs descendants frappés héréditairement de cette maladie en voie d’atténuation progressive. »
Ces écrivains et ce médecin parlent d’une lèpre morale et héréditaire. Deux erreurs fondamentales parce que ces affirmations sont inexactes du point de vue médical et reflètent leurs élucubrations
obsessives. Ce médecin, qui déclare ses diagnostics en 1909, aurait dû s’informer des recherches du docteur en médecine plus prestigieux que lui : le norvégien Gerhard Amauer Hansen qui découvrit le bacille de la lèpre en 1874 et qui fît ses conclusions.
Le 28 février 1601 le Parlement de Toulouse décida de demander un examen médical des charpentiers (des cagots) pour savoir si ils étaient véritablement lépreux.
Les experts rendirent leur rapport :
« François Vidally, député commissaire, prit comme médecins : Emmanuel d’Albarus et Antoine Dumay, Docteurs en faculté de l’Université de Toulouse ; Raymond Valadier et François maîtres chirurgiens de la dite ville, que par la relation du 13 juin 1600 attestèrent avoir visité 22 personnes dont un enfant de 4 mois, tous charpentiers, menuisiers,… qu’ils déclaroient avoir trouvé 22 personnes dont il s’agit toute bien saines et nettes de leurs corps, exemptes de toutes maladies contagieuses, et sans aucune disposition à des maladies qui dût les séparer de la compagnie des hommes ni personnes saines ; … »
A partir de 1601 les Cagots sont considérés ne pas être porteurs de la lèpre. Est-ce que les discriminations se terminent ?
Non!
Entre 1960 et 1977, Maria Del Carmen Agirre Delclaux a fait beaucoup de recherches sur les Agotes sur deux questions : médicales et locales, et a publié en 1977 un livre : Los Agotes. Cet ouvrage est sa thèse médicale. Au final, elle déclare : « …les agotes n’avaient pas la lèpre, ils n ‘étaient pas hérétiques, ils étaient chrétiens … ». Tout ce qui est écrit ci-dessus, les livres qui parlent sur ce sujet rempliraient une bibliothèque et les pages d’internet sont pleines des mêmes infamies. Toutefois, tous ces écrits, tous, absolument tous, se terminent de la même manière : nous ne savons pas d’où ils vinrent ! Une chose est certaine, ils devaient bien venir de quelque part.
“En toutes choses il faut considérer la fin” Jean de La Fontaine
Pourquoi la lèpre fut-elle attribuée aux Cagots ?
Il est bien évident que le roi de France Charles V 1338-1380 puis son fils Charles VI 1368-1422, les papes Benoît XII 1335-1342 Clément VI 1342-1352 Innocent VI 1352-1362 Urbain 1362-1370 savaient parfaitement que les Cathares avaient fui et étaient venus en Aquitaine se réfugier chez l’ennemi juré, bien entendu, l’Anglais ! Alors il fallait bien trouver un fléau terrible pour les toucher par quelque manière que ce soit, puisqu’ils ne pouvaient plus les atteindre physiquement. Eh bien ! ils leur attribuèrent la lèpre et de plus héréditaire ! Ce qui n’existe pas bien entendu ! Et soyons clairs, lors de la parution de la lettre fatale de 1407 du roi Charles VI il y avait 264 ans que les premiers croisés ayant ramené la lèpre de Palestine sont revenus dans leurs foyers !
Et enfin, en compulsant les documents de la Bibliothèque Nationale de France, on voit que le docteur Gui de Chauliac fut appelé au chevet de Charles V et qu’il fut aussi le médecin des 4 papes cités. Est-il difficile de penser que Gui de Chauliac auteur de La Grande Chirurgie écrit en 1363 et qui donne page 406 de ce traité toutes les explications sur la lèpre, n’a pas eu une discussion avec ces rois et ces papes afin de communiquer avec ces autorités et d’attribuer cette effrayante maladie aux fuyards ? Lui était médecin les autres ne l’étaient pas.
Mais pourquoi encore et aussi la lèpre héréditaire fut-elle attribuée aux Cagots c’est à dire aux Cathares ?
Tout simplement parce que ces autorités avaient une crainte folle : c’est que renaisse la religion cathare, une bonne lèpre héréditaire et le tour était joué, pendant 7 siècles ! Dans tout ceci il faut bien comprendre que les comtes de Toulouse étaient les vassaux du roi d’Aragon, alors… le risque de voir la religion cathare sauter les Pyrénées et envahir le Nord de l’Espagne était réel et bien pire que la religion musulmane, puisque la religion cathare er la religion catholique sont toutes deux chrétiennes !
Parmi les Cathares, Faidits, Languedociens en fuite, il y avait le petit peuple, les paysans, les artisans, le petits bourgeois et puis des seigneurs : Jean de Monségur à Ciboure Saint Jean de Luz, Jean de Mailhoc et Guillaume de Bouix à Cauterets (près de Lourdes) Francisco Perello en Aragon, les « petits » étaient lépreux les « grands » ne l’étaient pas !
En 2012 nous disons :
De qui se moquait-on ?
Et voilà, vous êtes là, et cette belle religion cathare renaît. Quelle chance !
Les Cagots bâtisseurs
A cause de l’ignorance populaire et de la peur d’être contagieux il leur était interdit d’élever du bétail et de cultiver la terre.
En conséquence, ils se consacrèrent, principalement, aux travaux de charpentiers ou de tailleurs de pierre parce que, selon la croyance populaire, le bois et la pierre n’étaient pas conducteurs des maladies. Chaque tailleur de pierre possédait sa marque et de cette manière, nous avons découvert qu’un cagot construisit la Tour de Bordagain à Ciboure et aussi des tours au sommet du mont Jaizkibel à Hondarribia à l’époque de Charles V. Ils firent des rénovations très importantes au château de Montaner en Béarn, aux églises de Monein et de Saint Jean Baptiste de Campan et construisirent toute la charpente en bois de l’église romane de Zumarraga en Gipuzkoa. Nous saluons ici l’excellent travail d’investigations fait par René Descazeaux sur les marques de tailleurs de pierres cagots.
Nous parlons de cette église de Zumarraga parce que c’est une authentique œuvre magistrale en bois, il s’agit d’une véritable construction tout à fait unique et incomparable. C’est une œuvre d’art, sans aucun doute, ces hommes étaient des experts en tout type de travaux en bois réalisés pour les églises et les châteaux, mais aussi pour la charpente navale. Nous devons également citer les églises de Monein, de Campan et bien d’autres.
La lèpre et les Cagots bâtisseurs
En somme des malades, des lépreux, mais tout de même des travailleurs de force, capables de couper des arbres, de les mettre en forme et de les hisser à 20 et 30 mètres de hauteur, au faîtage des bâtiments qu’ils construisaient ! et puis aussi des tailleurs de pierres, habiles et robustes, emmenant de la carrière à la loge de leurs maçons des blocs de 50 kilos et plus, qu’ils façonnaient allègrement ! Ni vertige, ni manque de robustesse ! En fin de compte desgens biens portants ! Où est la lèpre dans tout cela ? Dans la tête de leurs ignobles accusateurs ! En 2012, nous disons : « De qui se moque-t- on ? »
Il était une fois Montségur…
… en 1243, un château du nom de Montségur, dans l’Ariège, perché à 1200 m d’altitude lequel protégeait 500 cathares et 600 fidèles vivaient au pied de la montagne. Après dix mois de siège, Hugues des Arcis, chevalier d’honneur du roi de France, accorda aux vaincus les conditions suivantes :
. liberté pour tous les défenseurs du château,
. la vie sauve aux hérétiques qui se convertiraient sincèrement,
. pas de pillage,
. un délai de deux semaines avant la mise en oeuvre des précédentes conditions.`
A l’aube du 16 mars 1244, le sénéchal Hugues des Arcis et l’archevêque de Narbonne Pierre Amiel, demandèrent aux 500 personnes qui étaient dans la place de renier leur foi nouvelle. Les 207 Parfaits refusèrent et finirent sur un immense bûcher connu sous le nom terrible de :
« Prats dels Cramats » (Champs des Brûlés).
Raymond de Péreille seigneur de Montségur eut sa femme et sa fille brûlées sur le bûcher. Quant à lui et deux de ses enfants, ils ne furent pas inquiétés par l’Inquisition.
Le dernier évêque cathare Bertrand Marty, proche de Raymond de Péreille, périt sur le bûcher.
Raymond de Péreille, deux de ses enfants, la famille de Bertrand Marty et les 900 rescapés du bûcher s’enfuirent de toutes parts.
Près de Raymond de Péreille se tenaient 19 chevaliers, beaucoup d’entre eux et des 900 fidèles cathares vinrent en Aquitaine, Euskadi, Castille et Aragon parce que, comme nous l’avons vu, dans ces pays, l’Inquisition française n’était pas présente, au contraire, il s’agissait de pays amis.
Liste des chevaliers présents à Montségur :
Pierre Roger de Mirepoix
Jourdain de Péreille
Guiraud de Rabat
Laurac de Rabat
Raymond de Marceille
R.Amiel du Mortier
Guillaume de Lahille
Bertrand de St Martin Jourdain Vilar
Othon de Massabrac
Raymond de Massabrac
Raymond de Laroque
Raymond de Ventenac
Atzieu de Massabrac
Guillaume Baladier
Raymond Alfara Brezilhac de Caihavel
Jourdain du Mas Bernard de Cosgost
Il était une fois…
… l’un Jean de Monségur naquit à Ciboure dans la maison Monsegurenea le 7 février 1651 de Joannis de Monségur et de Marie Darretche. En 1709, il était capitaine des vaisseaux de Sa Gracieuse Majesté le roi d’Espagne, Philippe V. Il est décédé au service du roi. (service funèbre à Ciboure le 13 février 1719)
… l’autre Jean de Monségur fut capitaine des flûtes du roi de France Louis XV. Les flûtes sont des gros navires de charge réservés au transport du matériel et des munitions. Il s’est marié à Ciboure le 10 janvier 1719 avec Julienne Darretche et ils résidaient dans la maison Martybelzenea. Ils sont décédés, l’épouse le 3 novembre 1763 et lui le 25 mars 1770.
On peut remarquer ici, ainsi que tout au long du livre, que les Cagots prirent pour prénom, de manière systématique : Jean, car les cathares suivait uniquement la Bible selon Saint Jean.
Pas de baleines, pas de morues, pas de sardines, pas de corsaires, ils étaient nobles, descendants de Raymond de Péreille et de la famille de Bertrand Marty, le dernier évêque cathare de Montségur. Ils étaient seigneurs de Montségur et ils ont servi fidèlement et uniquement les rois, ce qui est la fonction des chevaliers envers les rois.
Est-ce à de misérables cagots, à des kaskarots pitoyables, tels que décrits par les historiens que l’on confie de tels postes ? Certes non !
Les Cagots étaient des Cathares, et parmi eux certains eurent des destinées prodigieuses car ils étaient des nobles, des gentilshommes, des chevaliers.
Martin de Haraneder était maire de Saint Jean de Luz de 1660 à 1662, il officia à l’union du roi Louis XIV et de Marie Thérèse Infante d’Espagne.
Jean de Haraneder de Monségur, de la famille du précédent, était maire de Saint Jean de Luz en 1662 à 1664. Ce dernier était basco-cathare.
Et si on parlait du Béarn…
René Descazeaux atteste dans son excellent ouvrage publié en 2000 Les Cagots Histoire d’un Secret :
« Peyroulet, son chef, que les textes désignent comme « senhor de la crestiantat de Lucq » signe avec Fébus qui a besoin de constructeurs pour sa défense militaire des traités d’égal à égal.
Alors que dans tout le Moyen Age, on humilie les cagots, les obligeant à témoigner à 30 en justice pour contrebalancer la parole d’un seul homme sain, à Lucq, deux bourgeois (en 1368) se portent caution pour un cagot et en sont honorés ! Curieux !
Ainsi ce seigneur (Peyroulet) n ‘est surtout pas un seigneur de pacotille puisque, comme vrai seigneur du théâtre social, il a le droit de justice ! Renversant ! »
Curieux ! Renversant ! En vérité, Cher Confrère, non, pas du tout ! Arnaud Guilhem était le père de Peyroulet. Le fils, comme la totalité des cagots ou agotes (sauf en Espagne) voulant faire oublier ses origines cathares, avait pris un patronyme local, à l’occurrence et tout simplement un nom Béarnais Peyroulet dont la signification est : pierre qui roule.
Là n’est pas l’intérêt principal : Arnaud Guilhem (patronyme à deux prénoms) était la famille noble de la ville portant son nom et se situant près de Toulouse. Nous n’avons pas son prénom. Au moment de la ratification de ce contrat, 1379, un autre Arnaud Guilhem, dont nous n’avons pas non plus le prénom, (1360-1431) avait 19 ans et vivait dans leur cité ancestrale. Il était le seigneur de Barbazan Midi Pyrénées (situé en plein pays cathare), il combattait pour le roi de France Charles VII et s’illustra brillamment contre les Anglais. Il fut tué en 1431 à la bataille de Bulgnéville (Vosges).
Armoriai de Béarn : Guilhem, seigneur d’Espalungue, en Ossau, prêta hommage à Garos, le 4 septembre 1374, à Gaston, comte de Fois (E.302, f° 84, v°).
Autre Guilhem, seigneur d’Espalungue, prêta hommage à Pau, le 26 juin 1428 à Jean, vicomte de Béarn (E. 321, f° 32°).
Arnaud Guilhem était un vrai gentilhomme, un noble, Gaston Fébus le savait, il traitait donc d’égal à égal avec lui. Noble, cagotte, cathare, éduquée et intelligente, telle fut cette famille ayant fui les affres de l’Inquisition et venue se réfugier chez Gaston Fébus. Notre brillant béarnais refusa en 1347 de faire allégeance au roi de France en déclarant à son envoyé : « Je ne tiens mon pays de Béarn que de Dieu et de mon épée ». Plus tard, il en fera de même au duc d’Aquitaine dont au roi d’Angleterre !
Gaston Fébus, « Le lion des Pyrénées » personne n’osait sans approcher, il est des Princes qui sont des Rois !
Le Béarn, en ce XlVè siècle, sera une terre de complète sécurité pour les cagots, pardon Cher Lecteur,… pour les cathares, vous le savez maintenant, et vous commencez à comprendre que le cas des Monségur de Ciboure n’est pas un cas isolé, mais poursuivons…
Si dans le Labourd les cagots trouvèrent de beaux partis pour se marier, ceux du Béarn en firent tout autant. Armoriai de Béarn : Jean de Salabert, du lieu de Laruns, assista, le 1er juin 1495, aux pactes de mariage de Miramonde de Sacaze, fille de Bernard de Sacaze, d’Aste, et d’Audine, avec Jean de Casamayor, et le 6 juin 1496, aux pactes de mariage de Clariote de Sacaze, soeur de Miramonde, avec Arnaud-Guilhem de Forgue. (E.1852, f°134 et 145).
Comme à Ciboure, en Béarn, les nobles se marient entre eux, une preuve de plus, dans les cagots, il y avait les pauvres dont tout le monde a parlé et les riches dont personne ne s’est inquiété, et eux non plus ne se sont guère inquiétés du populaire.
De tout ceci j’ai écrit un livre : Agot Cagot L’après Catharisme et je pensais en avoir terminé
avec mes recherches et mes preuves sur Les routes d’exodes des Cathares et puis un jour d’hiver, au Musée de la Mer de Saint Sébastien j’ai découvert sur une vielle carte marine : Isle Agot située au large de Saint Briac sur Mer près de Saint Malo.
Pourquoi une île de Bretagne porte-t-elle le nom d’un fleuve du Languedoc ?
Alors j’ai su que je n’avais pas fini mon travail.
Pendant mes 10 années de recherches, j’avais bien vu que des hommes et femmes en Bretagne portaient comme nom celte celui de Kakous, qu’ils étaient lépreux comme les Cagots, mais cela ne suffisait pas, il fallait un preuve plus solide. Alors lorsque j’ai vu un toponyme, une île au nom de Agot, je tenais quelque chose de très sérieux et mes recherches ont recommencées.
J’ai trouvé une affaire assez incroyable. En effet tout démarre de Cordes près d’Albi. A partir du 29 juin 1321, date de soumission de la ville de Cordes, les gens du pays quittent leur territoire espérant trouver des terres plus accueillantes et à l’abri des Inquisiteurs. Tout comme leurs prédécesseurs ils se dirigent vers l’Aquitaine, territoire anglais. Ils arrivent à Bordeaux où ils sont mal reçus, alors ils regardent plus haut et ils voient la Bretagne, terre ducale, également à l’abri des exactions du roi de France. La Bretagne sera rattachée à la France en 1532.
Comme dans les autres pays où ils échouèrent les « petits » furent mal venus les « grands » reçurent un bon accueil, surtout parce qu’ils amenaient avec eux toutes les techniques du travail du lin, du chanvre qui firent la richesse de la Bretagne : toiles d’Olonnes, celles des bateaux de Christophe Colomb, et les toiles Bretagnes, Noyales, Canevas.
En plus du travail des toiles, les Cordais maîtrisaient parfaitement celui du cuir. Ainsi naquirent les « chaussures » d’Ile et Vilaine et la fameuse marque Martin, habitant célèbre de Cordes.
Aujourd’hui en Bretagne, il y a 5 000 personnes qui ont pour patronyme : Agot, Gaffet, Monségur, Cahuzac, Lunel, Brens, Salvi, Lagarrigue, Marty etc.. un patronyme n’est pas une preuve historique, 10 pas plus, mais 5 000 oui ! Beaucoup de Bretons sont parents avec des descendants de Cathares et comme au Pays Basque, ils partirent de Saint Malo avec les Bretons vers les Antilles, nous retrouvons bon nombre de « Agot » à La Martinique.
Un des descendants des Cathares de Cordes devint très riche il acheta une île peu avant 1600 et lui donna le nom de Agot en mémoire du fleuve mythique des Cathares.
Et de tout ceci j’ai écrit : Le secret de l’isle Agot.
Kepa Arburua Olaizola